Cette capacité et ces risques ont été amplement examinés et discutés durant la Journée de l’énergie organisée au Pavillon de la Banque africaine de développement(le lien est externe), lors de la COP24 en Pologne(le lien est externe).
Si la production électrique offerte par les centrales traditionnelles est en progression lente mais constante, les modèles alternatifs misant sur de petites structures décentralisées (mini-réseaux, systèmes solaires domestiques…) paraissent désormais essentiels pour répondre au défi de l’accès universel à l’électricité en Afrique. Or, la capacité du continent à développer aujourd’hui ces structures locales est entravée par le manque de financement.
Lors d’une session portant sur le thème « Débloquer des financements commerciaux en faveur de la production à petite échelle d’énergies renouvelables en Afrique(le lien est externe) », le rôle de la Facilité d’inclusion énergétique (FEI), une plate-forme financière pour les emprunts parrainée par la Banque et alimentée à hauteur de 500 millions de dollars dans le but de produire des énergies renouvelables à petite échelle, a été mis en avant. Objectif de cette Facilité : fournir aux projets de petite taille et aux installations hors réseau des financements par emprunts de premier rang et par du crédit mezzanine.
La session a également été l’occasion pour un panel d’orateurs de partager des informations sur l’initiative « Desert to Power», qui vise à exploiter l’énergie solaire dans 11 pays du Sahel pour monter l’un des plus grands projets solaires au monde.
Une session ultérieure a ensuite fait le point sur les enseignements en matière d’efficacité énergétique en Afrique. Malgré l’énorme potentiel de production d’énergie du continent à partir de sources renouvelables, l’efficacité reste un élément essentiel pour un avenir durable.
Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), la capacité de l’Afrique en énergies renouvelables pourrait atteindre 310 GW d’ici à 2030, ce qui placerait le continent au premier rang de la production d’énergie renouvelable dans le monde. Il n’y a qu’à voir en effet son potentiel quasi-illimité en d’énergie solaire (10 TW), l’abondance en matière d’énergie hydroélectrique (350 GW), d’énergie éolienne (110 GW) et de sources d’énergie géothermique (15 GW).
L’Afrique jouit d’immenses perspectives pour bâtir un continent résilient au changement climatique et à faibles émissions de CO2, avec la possibilité d’investir dans des infrastructures résilientes et une agriculture « intelligente » qui s’adapte au climat et une gestion durable de ses ressources naturelles.
Au Maroc, le plus grand parc d’énergie solaire concentrée au monde
Le complexe solaire d’Ouarzazate, au Maroc, est l’un des plus grands complexes à énergie solaire concentrée au monde. Il a produit et fourni plus de 814 GWh d’énergie propre à travers le réseau électrique national depuis 2016. L’année dernière, le complexe solaire a permis d’éviter l’émission de 217 000 tonnes de CO2.
Pour ce pays qui, récemment encore, dépendait à 95 % de sources extérieures pour satisfaire ses besoins énergétiques, le projet s’inscrit dans une initiative de diversification des sources de production d’énergie et d’une création de valeur provenant de sources d’énergie renouvelables. L’objectif est de porter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 42 % d’ici à 2020.
Le projet du complexe solaire d’Ouarzazate s’appuie sur une structure de financement novatrice, intégrant les capacités d’un groupe de producteurs indépendants d’énergie qui revendent ensuite l’énergie produite au gouvernement, dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Le mécanisme d’appui au financement du projet permettra d’abaisser le coût des investissements dans de l’énergie solaire à des niveaux comparables à celui des technologies traditionnelles et de l’approvisionnement en énergie en gros du Maroc.
C’est peut-être l’Afrique qui a le plus besoin d’une révolution en matière d’énergies renouvelables : 15 % de la population mondiale vit sur le continent, mais celui-ci devra supporter près de 50 % des coûts d’adaptation au changement climatique selon les estimations.
Des coûts qui devraient avoir un impact négatif sur les dépenses consacrées à la santé, à l’approvisionnement en eau, à l’agriculture et à la foresterie, malgré la bien maigre contribution du continent aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (moins de 4 %).
À quoi il faut ajouter le déficit persistant en énergie : la majeure partie des 600 millions de d’Africains sans accès à l’électricité vit en Afrique subsaharienne. La pauvreté énergétique dans l’ensemble du continent freine le développement économique et coûte entre 2 et 4 % du PIB par an au continent.
« Le manque d’énergie est l’un des facteurs clés qui entravent le développement économique de la région », souligne, Magdalena J. Seol, de la Banque africaine de développement et coordinatrice du projet « Desert to Power », en cours de déploiement dans la région du Sahel. « Sans [énergie], envisager une croissance économique est impossible. »
Afin d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables, la Banque africaine de développement a placé l’énergie au sommet de ses priorités, dites High 5, et lancé le New Deal pour l’énergie en Afrique, dont l’objectif est l’accès universel à l’énergie en Afrique à l’horizon 2025.
Pour ce faire, il faut rehausser la fourniture d’énergie du réseau à hauteur de 160 GW et raccorder 130 millions de personnes. En outre, la Banque a pour objectif de relier 75 millions de personnes à des systèmes hors réseau et d’offrir à 150 millions de ménages l’accès à une énergie propre pour la cuisson des aliments.
La Banque africaine de développement collabore également avec les pays africains pour transformer leurs secteurs publics de l’énergie et attirer des investissements dans de nouveaux marchés énergétiques.
« Nous fournissons un appui tout au long de l’élaboration des projets, en mettant à disposition des ressources allant des capitaux de départ jusqu’à l’assistance technique, le financement des emprunts et les investissements en fonds propres qui permettent d’élaborer une série de projets dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique, a précisé João Duarte Cunha, responsable des initiatives et des partenariats dans l’énergie à la Banque africaine de développement.
Nous travaillons également en étroite collaboration avec les gouvernements pour comprendre et aborder les questions de politique générale en vue de créer les conditions propices à la prospérité de ce secteur », a-t-il ajouté.
Avec des initiatives comme le New Deal pour l’énergie en Afrique et la coopération des partenaires de la Banque africaine de développement, la transition en matière d’énergies renouvelables en Afrique continuera de s’accélérer et permettra de dégager de meilleures opportunités de développement pour le continent et d’offrir des avancées sur les plans sanitaire, agricole et économique.
« L’énergie ne constitue pas une fin en soi pour les communautés locales », a tenu à souligner Dean Cooper, directeur du développement des marchés du secteur de l’énergie chez SNV ‒ une organisation internationale de développement à but non lucratif fondée aux Pays-Bas – , dans une déclaration finale lors de la session consacrée au thème « Débloquer des financements commerciaux en faveur de la production à petite échelle d’énergie renouvelable en Afrique ». Et d’ajouter : « L’énergie permet de réaliser des choses et d’avancer : gardons toujours cela à l’esprit. »
La Journée de l’énergie se clôt
Si l’Afrique parvient à réaliser son plein potentiel en énergies renouvelables – et trouver les fonds pour ce faire –, le continent pourrait grandement contribuer à l’avènement d’un avenir sûr et durable – pas uniquement pour lui-même, mais pour l’ensemble des pays de la planète.